« Pour les anarchistes — ceux définis au sens le plus général du terme, qui croient à la théorie sociale et politique d’une société sans gouvernement fondée sur la relation volontaire — la publication d’écrits a été centrale dans leur mouvement. Dès le début, les anarchistes aux États-Unis et en Europe ont publié et rassemblé leurs idées et leurs écrits. Cette littérature a été l’une des principales sources de propagande et un moyen de communiquer et de répandre les idées. Les journaux, les pamphlets et les livres ont contribué grandement au partage et à la documentation des philosophies et actions du mouvement anarchiste; les librairies anarchistes étaient un prolongement naturel et ont suivi peu après ». To Spread the Revolution: Anarchist Archives and Libraries Jessica Moran
L’écrit, en règle général, ici numérisé, reste aujourd’hui fondamental, comme l’expliquent des occupant-es de la zad de Notre Dame des Landes :
« Il y a toujours eu des livres à la zad, dans les cabanes, les fermes, les maisons, dans un bus et même sur les barricades. Ils sont une part essentielle de toute lutte comme de tout territoire habité, dont ils concourent à étendre et enrichir les imaginaires et l’intelligence. Emplis de cette certitude, nous sommes une dizaine de personnes habitant aux quatre coins de la zone à nous être retrouvées début août avec la velléité de construire une bibliothèque. Nous l’avons baptisée le Taslu« .
Au XXème siècle est apparue une technologie nouvelle qui permet d’avoir accès à de nombreux documents, à condition que ceux-ci soient restés entre de bonnes mains et ne soient pas traités comme une propriété privée ou accessibles seulement aux étudiants et chercheurs.
Ces documents autrefois stockés avec plus ou moins de bonheur, et souvent inaccessibles au plus grand nombre, ont été numérisés et diffusés, et continuent à l’être, par milliers. Tâche longue et ingrate, mais essentielle, vitale, face au rouleau compresseur de la désinformation et de la culture décervelée. Face aussi à l’accélération du temps devant les luttes au quotidien, les diktats de « l »actualité » et les « débats » creux sur les plateaux de TV.
L’index des journaux et revues en ligne pour la France a été rendu possible particulièrement par le travail de Vincent Dubuc et son site La Presse anarchiste ainsi que celui du Collectif Archives Autonomies. Il faut y ajouter le CIRA de Lausanne, fournisseur de nombreuses numérisations. Et bien, sûr, comment ne pas citer René Bianco et son Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, travail poursuivi pour la mise en ligne par des militant-es.
Si la numérisation est essentielle, comme facilitation d’accès, elle ne remplace pas le geste de pousser la porte d’une librairie, ni le soutien aux maisons d’éditions
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