Crimethinc Ex workers Collective

crimethinc

« CWC est un collectif anarchiste décentralisé composé de nombreuses cellules qui agissent indépendamment pour un monde plus libre et plus joyeux « , telle est l’annonce sur la page d’accueil du site.

Il est difficile de cerner en quelques mots ce qu’est CWC, qui se (com)plaît à rendre toute tentative de définition réductrice impossible. There is no CrimethInc. CrimethInc. is simply you.

Mais Crimethinc est avant tout un phénomène, comme le fait remarquer Steven Johns dans  A communist critique of some aspects of early CrimethInc

« CrimethInc est un réseau anarchiste organisé de manière informelle aux États-Unis. A l’origine un label de musique indépendant, il a émergé de la dénommée scène punk “hardcore” américaine. Depuis le milieu des années 1990, il a commencé à devenir un groupe proto-activiste, pour gagner finalement une notoriété internationale avec la publication d’un best-seller, Days of War, Nights of Love – une présentation de Crimethink. De nombreux numéros d’un journal théorique, Harbinger, plusieurs sites web et même 250 000 exemplaires gratuit d’une introduction à l’anarchisme en format magazine, intitulé Fighting for our Lives.
Avec son langage poétique, son design graphique de haute qualité, son esthétique punk-DIY et de grosses sommes de cash pour la publication – probablement issues du succès commercial de DoW, NoL – CrimethInc est rapidement devenu un des groupes anarchistes les plus influents des États-Unis et probablement le groupe le plus célèbre dans le monde de langue anglaise.
Même si toutes ces réalisations sont impressionnantes, et qu’elles ont probablement disséminées leurs idées à l’opinion public américaine plus efficacement que tout autre groupe libertaire depuis l’époque des Industrial Workers of the World, ont-elles quelque chose de réjouissant ? Ont- elles aidé à faire connaître les idées anarchistes fondamentales – l’auto-organisation de la classe ouvrière et l’action directe pour améliorer nos vies et notre planète ? »

Le « phénomène » Crimethinc a suscité de nombreuses réactions à son apparition, les plus virulentes venant du milieu anarchiste communiste, comme celle parue sur le réseau Anarkismo et intitulé Rethinking crimethinc. (2006)

« Le culte sous-culturel « crimethinc » (CWC) basé au États-Unis qui mélange l’anarchisme avec une des modes de vie bohémiennes marginales et de vagues sentiments anti-civilisation voudrait vous faire croire est quelque chose dont vous pouvez vous retirer totalement en quittant votre travail, en mangeant dans les poubelles et en faisant tout ce qui vous fait « être bien dans votre peau ». Il poursuit l’héritage du roi des idiots Abbie Hoffman, en publiant des livres et des zines qui fétichisent les arnaques, la petite délinquance et les activités oisives punk/militante sous-culturelles comme Food not bombs, le squatt, etc. Ils n’ont d’anarchistes que le nom et ne portent que peu d’intérêt au reste du milieu anarchiste et aucun à l’analyse de classe, pour ne pas parler de leur « club de l’anarchie » secret. »

Dans A communist critique of some aspects of early CrimethInc, initialement prévu pour paraître entre 2005 et 2006, et finalement paru en 2011 avec un titre remanié, Steven Johns admet que la critique de Crimethinc dans son ensemble a paru dépassée, les vues du collectif ayant évolué « sur plusieurs points clés sur lesquels portait notre critique, notamment en ce qui concerne la marginalisation [dropping out] » Dans une note de bas de page, Libcom précise que « plusieurs années après, en constatant notamment le fort déclin de l’influence de CrimethInc. et les progrès manifestes de leurs idées politiques, nous ne ressentons plus aucune antipathie envers eux. »

La critique de Johns, plus élaborée et moins viscérale que celle d’Anarkismo, soulève des points intéressants, et récurrents, en particulier sur l’organisation formelle et informelle (déjà soulevée, exemple, par Jo Freeman dans « La tyrannie de l’absence de structure« . en 1970) :

« CrimethInc. n’est pas une organisation formelle mais reproduit toutes les caractéristiques typiques du regroupement d’individus, post-gauchistes et anti-organisationnels – à savoir l’existence de hiérarchies informelles . Le problème de leadership informel se pose toujours au sein des groupes informels. Lorsqu’il n’existe aucun structure organisationnelle ou processus démocratique, une clique auto-sélectionnée finit la plupart du temps par dominer l’organisation en occupant certains rôles clés, notamment en ce qui concerne les sites web, les listes de contact et les finances. Ils affirment que tout le monde peut se réclamer de “CrimethInc.”, mais ils ne donnent pas à tous l’accès à leur compte en banque ou à leur mot de passe de leur site. Bien sûr, on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils fassent ni l’un ni l’autre, mais alors, ils devraient être honnêtes concernant la nature de leur organisation. »

La référence aux situationnistes

« CrimethInc. a utilisé la vision inspirante de vies libres et joyeuses aux situationnistes, mais l’a dépouillée de toutes les idées politiques nécessaires à sa réalisation. Le concept de luttes des classes, entre employeurs et employés était au cœur même de l’idée politique situ. Nous nous trouvons donc devant une jolie coquille d’images et de dessins subvertis (détournés) et de prose pour « se libérer » avec rien à l’intérieur. « 

Une autre critique a été formulée par Ken Knabb, dans Comments on CrimethInc. qui, tout en portant sur le texte « Days of War, Nights of Love » peut-être étendue à quelques aspects généraux du collectif :

Le simplisme et la dichotomie

« Beaucoup de vos descriptions de luttes radicales sont plutôt simplistes. Un petit exemple parmi tant d’autres : Décrire la Commune de Paris comme « une sorte de festival anarchiste ininterrompu pendant des mois, avant que les trouble-fêtes n’en reprennent le contrôle et ne massacrent tout le monde » (p. 83) est en réalité une grossière falsification de la réalité. »

« Tout comme vous présentez vos actions rebelles comme presque exclusivement BONNES, vous avez tendance à présenter le système comme presque exclusivement MAUVAIS. En réalité, tout comme la plupart des révoltes et des mouvements radicaux ont été emplis d’erreurs et de limites, beaucoup d’aspects de la société actuelle sont positifs, ou du moins potentiellement positifs.Le fait même que l’humanité a survécu jusqu’à ce jour le démontre. Nous avons tous une tendance naturelle à définir nos perspectives en ces termes de bons vs mauvais – cela rend plus facile de susciter l’enthousiasme pour la lutte — mais lorsque cela devient trop simpliste, cela falsifie la réalité et donc entrave en fait toute lutte sérieuse »

La moralisation

« Il y a aussi une simplification moralisatrice récurrente…. Je ne considère pas mes options avant tout en terme « d’être impliqué » dans le capitalisme, comme si cela était une sorte de péché à éviter à tout prix . Ni, à l’inverse, je ne considère pas que j’ai accompli quelque chose de très notable si j’évite quelques-un de ces compromis, comme si la lutte radicale consistait en plus en plus de gens devenant progressivement de moins en moins impliqués dans le système en vigueur. »

La glorification

« Il y a aussi une impression d’auto-suffisance excessive. J’ai conscience que introduction concernant le « spectre de crimethink » est au moins en partie ironique, mais il subsiste l’idée que vous « agents crimethink » pensez que vous êtes réellement géniaux, un pôle de la subversion internationale, et que vous vous mythifiez vous-mêmes (et donc les gens auront une image d’aventuriers crimethink clandestins cools comme ils en avaient une de Che Guevara ou des Weathermen, etc.). Sans juger si votre réalité ou votre importance potentielle justifient une telle posture, je pense qu’il est en général préférable de prendre une autre direction, de se démythifier et démythifier l’image qu’ont les gens des gros durs radicaux clandestins plutôt que de construire à partir d’elles. »

Crimethinc par Crimethinc

« Si nous ne nous sommes jamais appelés insurrectionnalistes nous-mêmes, ce n’est pas parce que nous ne souhaitons pas une insurrection, mais parce que notre propre tempérament nous prédispose à un anarchisme sans adjectif. Le principal est de lutter pour la liberté et contre la hiérarchie ; nous imaginons que cela demandera différentes approches dans des situations différentes et que ces approches pourraient avoir besoin les unes des autres pour réussir. Nous sommes anarcho-syndicalistes dans l’entreprise, anarchistes verts dans les bois, anarchistes sociaux dans nos collectivités, individualistes quand on nous prend seuls, anarcho-communistes lorsqu’il y a quelque chose à partager, insurrectionnalistes lorsque nous frappons. » Say you want an insurrection

the future is unwrittenLe site de Crimethinc.

Le collectif La Horde a mis en ligne la traduction française de To Change Everything

tout-changer-199x300La version traduite

To Change Everything a été aussi une tournée à travers l’Amérique du sud, l’Europe de l’Est, les Balkans et les États-Unis, dont le compte-rendu, pour les USA est ici : To Change Everything US Tour

Un dialogue entre l’équipe de lundimatin et CrimethInc après les attentats du 13 novembre et l’instauration de l’état d’urgence

dialogue
Bonjour, France, et bienvenue dans l’équipe de la Guerre contre la Terreur ! ….

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